La philosophie
Petit lexique très personnel
Ce lexique pourrait s’appeler « Pensées », puisqu’il est fait de phrases éparses du professeur Maurice Marois, regroupées par thème et présentées par ordre alphabétique.
Ascèse : elle n’est pas mortification mais contrainte voulue, consentie au nom d’exigences intérieures.
Avenir : où allons-nous ? Vers la mort si nous n’y prenons garde, vers la vie si nous le voulons ; et nous le pouvons… La réponse ne m’appartient pas : elle est de l’ordre de la résignation, de l’espérance ou de l’incantation.
Choix : Modifierons-nous radicalement notre propre définition ? Quel type d’homme voulons-nous ?
- Un homme promis à l’engloutissement dans la termitière et à l’abdication de son identité-même qui en fait un être à nul autre pareil ? Il sera alors dépossédé du droit de se perpétuer. Son image devra répondre à celle d’une efficacité sans visage ni génie. L’inattendu sera banni dans une planification qui ira jusqu’à l’ineffable.
- Si l’espèce choisit de survivre, elle est tout près de découvrir l’amour comme unique voie de salut non plus individuel mais collectif.
Les options de la liberté de l’homme mettent en cause le destin physique de l’espèce et la définition-même de l’homme.
Croire : Ceux qui ont la grâce de croire situent dans leurs perspectives les événements de leur propre vie et de l’histoire. Le mot « destinée » est pour eux riche de sens. Ils construisent avec confiance le Royaume.
Espérance : L’espérance est une coloration de l’âme habitée par la certitude d’un accomplissement.
Fraternité : Tendresse chargée d’espoir, qui veille sur la vie qui veut vivre.
Grandeur : La grandeur n’est pas la démesure. Il n’est pas de grandeur dans l’horrible. En quoi l’homme est-il grand : par la puissance de l’intelligence et la force de l’espérance – en un mot, par l’esprit. Atteindre à la grandeur par le service d’une grande cause. Pas de grande cause qui ne soit au service de l’homme et de la vie.
Hérésie : « Opinion opportune par laquelle l’esprit se masque à lui-même son abdication devant la dureté du réel et la rigueur du vrai. » (Étienne Borne).
Humain : L’humain dans l’homme, c’est la liberté et c’est l’esprit, c’est la participation consciente au mystère de la vie qui nous porte et dont nous ne sommes qu’un moment fugitif entre deux éternités.
Liberté : La liberté, au moment où j’écris son nom, ouvre l’avenir. Car seul est ouvert à ma liberté et à mon espoir le temps qui vient.
Lien : L’homme ne saurait être pleinement lui-même s’il n’est relié au cosmos, à la vie, aux humains, à l’invisible.
Méditation : Toute méditation sur la vie débouche sur le mystère.
Mort : La mort est la servante de la vie, par le recyclage de notre dépouille qui servira à construire de nouvelles vies et par l’éclairage qu’elle projette sur notre propre vie. Je voudrais savoir, au nom de l’homme total, regarder la mort en face et proclamer la vie.
Optimisme : Le chant d’optimisme qui s’élève devant les victoires de la science, devant les perspectives de l’âge d’or ne nous fait pas oublier le tragique fondamental de la condition humaine. Rien n’est assuré. Et nous restons pauvres, nus et seuls devant la mort.
Paix : La paix, visage radieux de la Vie.
Patrie : Notre patrie n’est pas seulement nationale et terrestre. Elle est la vie.
Philosophie : Il y a plusieurs façons de la définir.
- Celle qui fait confiance à l’homme dans toute ses dimensions, qui croit en sa grandeur, qui respecte le beau, le bien, le vrai, et qui ose poser le problème des fins. Science suprême car elle analyse, synthétise, remet perpétuellement en question.
- Elle éveille les consciences à leurs responsabilités, normalise avec prudence.
- Elle est l’esprit qui interroge, la conscience qui délibère, la sagesse qui se forge, s’enrichit et éclaire l’avenir.
- La philosophie de la vie donne une signification de la vie dans l’univers, prélude à une philosophie de la condition humaine, philosophie de la valeur de la vie afin de définir ce que c’est que d’être homme. Agir en sorte que des êtres réalisent ce minimum de conscience, de dignité, de bonheur qui fait que la vie mérite d’être vécue. D’où un double problème : déterminer à quelles conditions matérielles et morales une vie est désirable et respectable, dire comment réaliser ces conditions.
Pouvoir : Tout pouvoir doit être ordonné à la connaissance, et la connaissance à l’amour.
Responsabilité : « la responsabilité repose sur celui qui prend l’initiative et sur celui qui, consciemment, participe à cette initiative. » (Mgr. Géraud).
Rivalité : Il n’y a pas de rivalité entre Dieu et la science car Dieu est seul maître. La recherche n’est que l’épanouissement du don délégué par Dieu à ses fils. Cette recherche n’a de valeur que tant que l’on ressent la douceur de se donner et que l’on a l’éclatante force d’espérer.
Science : La science est la quête de tout le réel œuvre de Dieu, par les moyens de connaissance que Dieu a donné à l’homme. Tête chercheuse de l’humanité, la science refait en sens inverse le cheminement du Verbe créateur. En inventoriant le monde, elle s’approche le plus de l’idée que Dieu s’est fait du monde en le créant. Elle est tout près de découvrir l’amour comme unique voie de salut. Elle est tout près de rencontrer l’inconnaissable au terme de son voyage à la marche extrême de l’inconnu.
Sens : Le sens de la vie ne peut être que l’épanouissement de toutes les potentialités que nous portons en nous.
Technologie : Le choix raisonné d’un système technologique présuppose une certaine conception de ce qui est bon pour la société, conception qui reflète généralement les intérêts de l’autorité qui fait le choix.
Vie : Il existe tant de façons de la définir !
- La vie, ensemble des forces qui résistent à la mort ?
- La vie, lutte contre la montée de l’entropie qui aboutit à l’équilibre thermodynamique final, à la mort ?
- La vie, vérité immédiate, principe simple et incontestable, bien premier, facteur d’unité, unique trésor du monde vivant. Mystère innommé.
- La vie impose l’idée d’une volonté et d’une métamorphose sans fin.
- La vie, visage radieux de la paix.
- La vie est notre patrie.
Vieillesse : La condition psychologique et morale du troisième âge est le reflet de la vie intérieure qui a nourri au long d’une vie les réflexions intimes d’un être. Lorsqu’un vieillard connaît l’exil, il y a fort à parier qu’il était en exil de lui-même dans sa jeunesse et sa maturité.
1 / 2 / 3 / 4 / 5 / page suivante