A l’occasion de la publication des Documents pour l’Histoire, le Professeur Gabriel Blancher en a exposé les principaux traits devant les membres de l’Académie Nationale de Médecine, le 3 mars 1998.
PRÉSENTATION DES DOCUMENTS POUR L’HISTOIRE A L’ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE PAR LE PROFESSEUR GABRIEL BLANCHER MEMBRE DE L’ACADÉMIE LE 3 MARS 1998.
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire perpétuel,
Mes chers confrères,
J’ai l’honneur de vous présenter les Documents pour l’histoire rassemblés par Maurice MAROIS au nom de l’Institut de la Vie, dont il est le Délégué général fondateur. Ils sont réunis en quatre tomes complétés par un volume en anglais. A la lecture de ces textes on est d’emblée frappé par l’ampleur des objectifs visés, l’originalité de la démarche, le haut niveau des activités rapportées.
Au service de la Vie, l’Institut « s’assigne une triple fonction d’analyse, de vigilance et d’initiative :
– faire le point du développement de la science dans des domaines majeurs ;
– éveiller l’attention et susciter la réflexion sur les problèmes de l’avenir que la science peut contribuer à résoudre et sur ceux que, par ses découvertes, elle contribue à créer ;
– entreprendre des actions pour le service de l’homme, dans le respect de sa dignité et de la diversité de ses cultures. »
Pour la réalisation de ces objectifs très vastes, l’originalité de la démarche tient d’abord, comme on le constate, à la place réservée à la science, mais cette place est loin d’être exclusive. La science en effet, dans cette conception, doit « contribuer à une réflexion commune de toutes les disciplines de pensée » ; cette réflexion commune constitue un trait caractéristique des activités de l’Institut de la Vie, qui se veut lieu de rencontre et de confrontation.
Autre point essentiel, cette confrontation ne doit pas demeurer sur un plan purement spéculatif, mais aboutir si possible à une synthèse, fondement d’une action en faveur de la vie. Si l’on ajoute le caractère international de l’Institut, sa reconnaissance par les Nations Unies et son indépendance affirmée à l’égard de tout pouvoir politique et de tout courant de pensée, on reconnaîtra qu’il s’agit d’un organisme d’une originalité certaine.
Le haut niveau des activités est attesté en premier lieu par le choix des sujets et la manière dont ils sont traités. Les sujets sont d’une très grande diversité, relevant de la science fondamentale « de la physique théorique à la biologie », et plus souvent des applications de la science, toujours au service de la vie, qu’il s’agisse de démographie, d’exploitation des ressources alimentaires, minérales et énergétiques, de protection de l’environnement, ou enfin de protection de la santé sous son aspect le plus large (prévention des anomalies congénitales, problèmes posés par le vieillissement, chimiothérapie des maladies parasitaires, stratégie scientifique de recherche biomédicale contre le SIDA, santé mentale et civilisation urbaine, etc..). Et nous nous bornons à l’essentiel !
Mais surtout chaque sujet est traité d’une manière qui tend à ne laisser dans l’ombre aucun des aspects du problème et fait appel à toutes les données fondamentales susceptibles de l’éclairer. Ainsi, dans la conférence internationale de 1977 sur le vieillissement, on voit intervenir conjointement la biologie, la médecine, les sciences du comportement et les sciences sociales ; si l’on analyse la partie fondamentale, d’ordre biologique, on constate que l’étude a été menée aussi bien à l’échelon cellulaire qu’au plan des grandes fonctions de l’organisme, y compris la fonction immunitaire. De même, en 1990, une autre conférence internationale sur « les dilemmes du réchauffement de la terre » envisage à la fois l’origine des variations de la constitution de l’atmosphère, le rôle des rayonnements solaires, des volcans et des aérosols atmosphériques, les conséquences pour l’agriculture et l’énergie, le risque d’élévation du niveau de la mer, enfin les modèles mathématiques utilisables. Là encore le champ des investigations est très large et la place des bases théoriques prééminente.
Le même souci de qualité préside au choix des hommes, qu’ils interviennent dans les conférences, qu’ils participent aux commissions créées par l’Institut ou qu’ils soient honorés d’un Prix décerné par lui. La liste de ces personnalités, annexée au tome IV, est impressionnante par le nombre de pays concernés, le nombre de Prix Nobel et de membres des plus hautes institutions scientifiques, la diversité des horizons d’où ils viennent.
Le seul regret que l’on puisse exprimer concerne l’absence d’indications sur les suites données par les autorités nationales et internationales aux travaux de l’Institut. Dans certains cas toutefois cette précision est apportée : à propos de la conférence de 1974 sur le développement d’agents chimiothérapiques contre les maladies parasitaires, il est indiqué que ses « conclusions et recommandations ont joué un rôle stratégique pour le développement du programme de l’O.M.S. dans ce domaine ». Mais en général une telle précision manque. Peut-être la confrontation entre réflexion de haut niveau et applications concrètes par les autorités responsables fera-t-elle l’objet d’un prochain volume ? Qu’il me soit permis de le souhaiter.
Je formulerai en terminant deux autres souhaits : le premier pour que se poursuive et s’amplifie l’œuvre remarquable menée depuis près de quarante ans par Maurice Marois ; le second pour que ces Documents pour l’histoire soient fréquemment consultés par tous ceux qui, à des titres divers et venant d’horizons très variés, s’intéressent à ce phénomène merveilleux qu’on appelle la VIE.