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Institut de la Vie

 

Maurice Marois

«La vie, bien premier»

Genèse : les premiers pas

Idées du premier colloque de l’Institut de la Vie - 1962

Le présent travail a pour objet de regrouper systématiquement, en vue de leur application pratique, les idées émises par les participants au premier colloque organisé par l’Institut de la Vie (8 septembre 1960). Il a été voulu scrupuleusement objectif, c’est-à-dire qu’il rapporte, sans en omettre aucune, les opinions qui ont été émises et qu’il ne rapporte que celles-ci. L’opinion propre du rédacteur est exposée dans un travail à part.

Les opinions sont groupées sous quatre chefs :

  1. Faits de base et idées générales.
  2. Principes généraux d’action.
  3. L’Institut de la Vie : objet, composition, originalité.
  4. L’Institut de la Vie : modalités d’action.

Une opinion est identifiée par :
1° / - deux lettres du nom de son auteur :
AB : AUBE
BL : BELANGER
BT : BENNET
CT : CLERMONT-TONNERRE
FU : FUJII
HK : HERCIK
MR : MAROIS
       M. MR : Madame MAROIS
MO : MOREL
RB : ROBERTIS
RD : ROSTAND
RU : RUFFILI
VR : VERNE.

2° / le chiffre romain I = premier colloque.

3° / le numéro de la page : Exemple : RD, I, 5 = ROSTAND, premier colloque, page 5.

I) – Faits de base et idées générales.      

  1. – La « Vie » est jeune et fragile.
  1. – Par Vie, il faut entendre la matière vivante (MR, I, A), le protoplasme, le gène (RD, I, 6) et l’esprit (VR, I, 7).
  1. – La Vie est menacée (MR, I, A) par des dangers qui ne sont ni d’origine cosmique, ni d’origine naturelle, mais d’origine humaine (BL, I, 23).
  1. – Les dangers d’origine humaine ne sont pas seulement d’origine gouvernementale, d’origine nationale (BL, I, 23).
  1. – La détérioration génétique (RD, I, 3), la prolifération des mauvais gènes (RD, I, 3) ont, pour causes essentielles, les plus récentes conquêtes de la Science (MR, I, A), la désintégration atomique et la civilisation.
  1. – La Vie est menacée par le déséquilibre entre l’essor de la physique et de la chimie d’une part et l’essor de la biologie de l’autre (MR, I, 1).
  1. – La biologie, elle-même, peut aussi écourter la Vie ou la rendre terrible (BT, I, 12). Un biologiste ne sait pas très bien où il va ; il lui est très difficile d’être sûr qu’il ne travaille pas contre l’homme (RD, I, 31).
  1. – La physique a fait entrer l’humanité dans l’ère atomique (CT, I, 28), dont l’explosion atomique n’est qu’un cas particulier (CT, I, 24-28). Nous avons acquis un pouvoir nouveau, celui d’anéantir notre civilisation (CT, I, 22), sinon d’abolir les formes supérieures de la Vie (MR, I, A). Pour la première fois, nous ne subissons plus, nous sommes responsables (CT, I, 22). Aujourd’hui, l’homme a, entre ses mains, le destin de son futur (CT, I, 22). Toutefois, il ne saurait être question de refuser l’ère atomique. Il est question de constater que l’humanité a fait un pas en avant (CT, I, 22). Il faut prendre l’ère atomique dans son ensemble et ne considérer l’accident politique que comme un écart ou, à la rigueur, un cas limite (CT, I, 24).
  1. – La détérioration génétique est certes aggravée par la désintégration atomique, mais elle existe déjà dans l’espèce humaine du fait de la civilisation, de la médecine et de l’hygiène qui favorisent la prolifération des mauvais gènes (RD, I, 3).
  1. – En outre, les thérapeutiques excessives, les produits toxiques, les stupéfiants constituent d’autres atteintes à la Vie (RD, I, 6).
  1. – La surpopulation du globe constitue aussi une menace dramatique pour la Vie (RD, I, 5).
  1. – La « Vie en soi » ne correspond pas à grand’chose si elle n’est pas une « Vie heureuse » (M. MR, I, 31).

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II) – Principes généraux d’action.

  1. – Les vivants sont dépositaires de cette immense chaîne d’êtres, de cette mission qu’est la Vie (CT, I, 22). Plus particulièrement, la Biologie, science de la Vie, doit assurer la défense et la protection de la matière vivante (MR, I, A).
  1. – Avec le concours de toutes les autres disciplines (MR, I A).
  1. – Avec le concours de tous les hommes (MR, I, A).
  1. – La Biologie doit méditer sur elle-même sous le signe : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (MR, I, A).
  1. – Le Biologiste doit :
    1. ne jamais faire quoi que ce soit qui puisse porter atteinte à la Vie (VR, I, 25) ;
    2. ne jamais travailler comme individu contre l’homme (BL, I, 24) ;
    3. ne pas s’associer à une action directement agressive, directement offensive (RD, I, 31).
  1. – Le Biologiste doit adapter la matière vivante (MR, I, A) à ces forces que nous sommes en train de créer et qui vont agir sur notre évolution (CT, I, 22). Il doit, en utilisant les connaissances de l’évolution qui nous a amenés à l’état pensant (CT, I, 22), définir une politique de protoplasme, une politique de gènes (RD, I, 6).
  1. – Le Biologiste doit définir une nouvelle échelle humaine (MR, I, A).
  1. – Le Biologiste doit veiller lui-même au bon usage de ses découvertes (MR, I, A). Ce faisant, il se place délibérément sur des terrains dangereux, politiques, nationaux ou autres (BL, I, 14), car la séparation entre la politique et la biologie est artificielle (RU, I, 17). Construire l’humanité de demain, c’est toujours faire de la politique et de la biologie tout ensemble (RU, I, 17).
  1. – Le Biologiste doit prendre position sur les menaces les plus dramatiques qui pèsent sur la Vie : menaces atomiques, détérioration génétique, surpopulation (RD, I, 5).
  1. – Le Biologiste doit faire connaître cette position au public (RD, I, 5).
  1. – Le Biologiste doit convaincre ses coéquipiers, les scientifiques des autres disciplines, de ne pas faire ce que lui-même s’interdit de faire (BL, I, 24).
  1. – Le Biologiste doit éduquer la conscience universelle (MR, I, A).
  1. – Le Biologiste doit convaincre tous les humains d’avoir le respect de la Vie, afin qu’ils n’entreprennent rien qui puisse nuire à l’homme (VR, I, 25).
  1. – Le Biologiste doit agir sur les responsables (BL, I, 23).
  1. – Le Biologiste doit répondre aux questions que pose le public (RD, I, 4).
  1. – Le Biologiste doit instruire (RD, I, 14).

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III) – L’Institut de la Vie : objet, composition, originalité.

  1. – La défense de la vie sera assumée par une institution spécialement créée à cet effet et ayant valeur de symbole (MR, I, 9).
  1. – L’Institut de la Vie sera mondial, car il intéresse l’humanité dans son ensemble.
  1. – Il groupera les meilleurs fils de l’humanité : d’une part les plus grands biologistes et hommes de science et d’autre part les hommes les plus éminents du monde, les hommes du plus haut niveau de conscience (MR, I, A, 9).
  1. – Il tendrait à reconstituer la communauté internationale des savants (BT, I, 29).
  1. – Il aura une compétence multidisciplinaire et présentera un éventail des compétences scientifiques ayant un intérêt commun avec la Biologie dans la défense de la Vie (HK, I, 8 ; RB, I, 16 ; FU, I, 18).
  1. – Cette collectivité de spécialistes aurait une autorité suffisante pour prendre des responsabilités dans les questions scientifiques (RD, I, 5 ; HK, I, 7).
  1. – Comment recruter cet aréopage, ce sommet tout à fait élevé ? Il faudra être très prudent dans le choix, dans les sélections (BT, I, 29).
  1. – L’objectif sera de permettre un échange entre les hommes du plus haut niveau et la masse qui a besoin d’être protégée (MR, I, 9).
  1. – L’institut de la Vie ne serait donc ni un institut de recherches biologiques (RD, I, 3), ni même une institution exclusivement scientifique (RD, I, 4).
  1. – Il ne cherche donc pas à doubler les organisations spécialisées dans des activités ayant des rapports plus ou moins directs avec la défense ou l’amélioration de la Vie, telles que les Instituts ROCKFELLER et FORD (AB, RD, I, 9).
  1. – Il ne cherche pas à intégrer ou absorber tous les mouvements s’intéressant à la défense de la Vie (RD, I, 6), mais il établira des relations avec eux. A cet effet, il est nécessaire de faire l’inventaire des mouvements alliés qui existent déjà (HK, I, 25).

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IV) – Institut de la Vie. Modalités d’action.

  1. – Méthode de choc ? Avant même d’étudier l’étendue d’un programme et des responsabilités (MO, I, 10), violenter l’opinion publique, frapper des coups de marteau, créer un effet de choc par le moyen d’une idée simple (MO, I, 12), l’idée-force de la défense de la Vie (RD, I, 12). Une fois que vous tenez l’intérêt de l’opinion publique, vous avez la possibilité de tout faire (MO, I, 12).
  1. – Cela ne va pas aider beaucoup les gens de leur dire davantage ce qui les menace et surtout de le dire aux masses (BL, I, 13).
  1. – Il faut éviter de donner trop d’espoirs (RD, I, 12).
  1. – Méthode progressive ? Première phase : commence par des buts assez modestes (RD, I, 12), acquérir la confiance des intéressés en apportant des solutions efficaces à leurs problèmes pratiques (MO, I, 11). Par exemple, créer un bureau d’informations et de renseignements qui répondrait à toutes les questions posées par le public sur la défense et la protection de la Vie et sur la génétique (RD, I, 3).
  1. – Deuxième phase : acquérir l’audience des grands organismes internationaux (MO, I, 2), tels que l’UNESCO et l’ONU (HK, I, 26).
  1. – Troisième phase : se consacrer aux idées générales (MO, I, 2).
  1. – Eviter que le mouvement soit débordé et devienne trop large (RD, I, 7).
  1. – Par qui agir ? Par les conseillers très intimes de l’humanité, les médecins (BL, I, 13), les professeurs, les instituteurs (RD, I, 14), par la voie de la jeunesse (RU, I, 17), par les organisations féminines (HK, I, 30).

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