l'Institut de la Vie
- Actualités
L'Institut de la Vie nous concerne
I. En quoi sommes-nous concernés aujourd'hui par les actions
passées de l'Institut de la Vie ?
Quelques exemples d'actions concrètes devraient nous éclairer.
Mais au préalable, rappelons l'objet récurrent des diverses
conférences réalisées : "Rassembler les plus hautes compétences
scientifiques et techniques pour rechercher à chaque instant dans le
pluralisme des disciplines et des philosophies, les solutions les mieux adaptées
aux besoins et aux aspirations des humains et aider ainsi la prise de décision
des plus hauts responsables."
Premier exemple : la protection de la diversité
biologique.
Partant de la constatation que les espèces de plantes, d'animaux et de
micro-organismes sont menacées de disparition, l'Institut de la Vie a
réagi
dès 1986. Pour préserver ce patrimoine,
l'idée de dresser un inventaire informatisé de l'ensemble des
être vivants, s'est imposée, parmi d'autres mesures. En 1990, eut
lieu une conférence internationale, "Préservation de la diversité
génétique des plantes", au cours de laquelle a été
étudiée la mise en place d'un
Centre Global d'Information
de l'Institut de la Vie sur la Génétique des Plantes
(Voir
Documents pour l'Histoire, tome III, pp 211-246). Parmi les participants,
citons MM. Henri Cathey, Paul J. Fitzgerald, Peter H. Raven, Robert Smith et
Frederick Seitz,
qui fut Président de l'Académie nationale des Sciences des Etats-Unis
et Président émérite de l'Université Rockefeller.
Ce dernier fut pendant longtemps un compagnon de route de l'Institut de la Vie.
Deuxième exemple : les dilemmes
du réchauffement de la Terre. (Documents pour l'Histoire,
tome III, pp 187-200).
Ce fut l'objet d'une conférence internationale en 1990.
En présence d'un représentant du Ministre de l'Environnement
et d'un Conseiller Technique à la Présidence de la République.
La synthèse fut présentée par M. Robert Dautray, de l'Académie
des Sciences française, qui convint de la nécessité d'observer
l'atmosphère et les océans à l'aide de modèles
évolutifs.
Jean Vanier avec un jeune handicapé
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Troisième exemple : Attribution du
Prix Institut de la Vie - Ciments Lafarge à
Jean
Vanier pour son action en faveur des handicapés mentaux.
Décerné en
1973 (
Documents pour l'Histoire,
tome IV, pp. 381-390).
C'est la question de la personne humaine qui est posée, dans une société
dont il faut définir les valeurs essentielles : choisira-t-on de cacher
l'enfant handicapé en hôpital psychiatrique, choisira-t-on l'avortement,
l'euthanasie ? Optera-t-on pour l'insertion dans la communauté humaine
?
Quatrième exemple : Démence
sénile.
Une conférence internationale en
1983 s'est penchée
sur la question. "En altérant profondément les facultés
intellectuelles, l'affectivité et la personnalité de celui qui
en est atteint, cette maladie est à l'origine d'innombrables drames personnels.
Elle entraîne en outre dans son tourbillon la famille qui ne retrouve
plus l'image permanente et sécurisante du père ou de la mère
maintenant malade. Sur le plan de la société, elle est à
l'origine d'une demande croissante conduisant à la création de
lits, de services ambulatoires et intermédiaires, d'organismes de soutien
que les services de santé publique doivent s'efforcer de rationaliser
et de coordonner […] Il est temps de se préoccuper à l'échelle
planétaire de la nature de ce fléau." Ainsi s'exprimait le Professeur
J. Wertheimer, du service de psychogériatrie à Prilly en Suisse
(
Documents pour l'Histoire, tome II, p. 310). Les différents
aspects de la
maladie d'Alzheimer furent étudiés
au cours de cette conférence.
Cinquième exemple : "Activités dans le domaine du
SIDA"
Ce sujet a été traité au cours de deux conférences
internationales en 1989 et 1990. (Documents pour l'Histoire, tome II, p. 329).
Comment aider au progrès de la science dans ce domaine ? L'Institut de
la Vie a placé en priorité le continent africain. C'est pourquoi
un Comité Scientifique Africain a été constitué.
Cinq Prix Nobel, à l'instigation du Professeur Marois, ont conçu
le programme :
Werner
Arber de Suisse, David Baltimore et
Léon
Cooper des Etats-Unis, Manfred Eigen d'Allemagne et James Watson des Etats-Unis.
Quatre-vingt scientifiques de dix-sept pays, dont d'illustres spécialistes
se sont retrouvés autour de ces questions. Citons parmi eux le Pr. Jakob
Nüesch (
1), Directeur de la recherche pharmaceutique
des laboratoires Ciba-Geigy, les Pr.
Frederick
Seitz et Lewis Thomas, ainsi que R. Gallo et
Luc
Montagnier. Outre la
stratégie de recherche biomédicale
à adopter, il a été planifié la mise en
place de
cinq centres pilotes en Afrique, modèles d'une
logistique médicale efficace de l'Institut de la Vie : prévention,
soins, assistance sociopsychologie, éducation.
Les participants étaient des représentants connus internationalement
de plusieurs disciplines différentes de la recherche biomédicale,
parmi lesquelles la virologie, la biologie moléculaire, la génétique
moléculaire, l'immunologie, la biochimie, les sciences neurologiques,
les médecines internes, l'épidémiologie, les maladies
infectieuses et bien d'autres. Un message du Comité Scientifique Africain,
composé de soixante-dix-sept membres représentant trente-huit
pays fut prononcé à cette occasion, le 2 octobre 1991 : "Nous,
femmes et hommes de science africains, soulignons l'urgence d'éradiquer
la maladie et assurons les membres de la conférence internationale
Stratégie scientifique de recherche biomédicale contre le
SIDA de notre coopération. Nous attestons ainsi notre solidarité
avec les victimes de la tragédie et l'unité de la communauté
scientifique pour faire front dans la tourmente."
Au témoignage de ce comité se joignit celui du Groupe de la Banque
Africaine de Développement (BAD) qui apporta son soutien pour traduire
les conclusions de ce symposium en programmes opérationnels de lutte
contre le SIDA.
Enfin, le Pr. Maurice Marois affirma : "La science, en luttant contre ce
fléau planétaire, accomplit une œuvre de vie. La victoire
acquise, sa tâche ne sera pas achevée car sa compétence
est indispensable à l'effort commun des gouvernements et des organisations
bénévoles pour les applications de ses découvertes. Aux
victimes passées, présentes et hélas futures de l'agression
par les virus du SIDA, ce congrès est dédié."
- Jakob
Nüesch, citoyen suisse, né en 1932, est ingénieur diplômé
agronome (1958) et docteur en sciences techniques de l'École polytechnique
fédérale de Zurich (1960). Agrégé en microbiologie
de l’Université de Bâle (1972) et privatdocent, il est,
dès 1978, professeur en microbiologie à cette même Université.
Au service de Ciba depuis 1960, il est en charge de la recherche en microbiologie
et biochimie. En 1987, il devient membre de la direction de Ciba-Geigy,
directeur du Ressort biotechnique et responsable de la recherche pharmaceutique.
En 1990, le Conseil fédéral suisse le nomme président
de l’École polytechnique fédérale de Zurich.
En 1997, il devient membre du CICR (Comité International de la Croix
Rouge).
II. En quoi sommes-nous concernés
aujourd'hui par les projets passés de l'Institut de la Vie ?
N'est-il pas d'actualité de se poser des questions telles que :
- De quoi dans la nature et pour quel propos sommes-nous responsables ;
pourquoi le sommes-nous ?
- Quelles sont les perspectives de modification dirigée du corps
et de l'esprit humain par les techniques dérivées de la génétique,
de la neuropsychologie, de la gérontologie et d'autres sciences biomédicales
?
- Quels problèmes psychologiques, sociaux et spirituels pourraient
naître de l'augmentation de la longévité ?
Ces questions, l'Institut de la Vie se les est posées, lors de la
conception du Centre Mondial de l'Institut de la Vie sur la Destinée
Humaine, dès 1991.
Centre mondial de l'Institut de la Vie sur
la Destinée Humaine
Dans une lettre datée de décembre 1993, ayant pour objet la
demande d'audience auprès du Ministre du Budget pour présenter
son projet de Centre sur la Destinée Humaine, l'Institut de la Vie
expliquait que des scientifiques du plus haut niveau voulaient "donner à
l'Institut de la Vie une envolée encore plus ambitieuse : chercher
à atteindre par les voies scientifiques et par les autres voies de
la pensée aux fins ultimes de la vie et de l'humanité."
Malheureusement ce projet n'a pas abouti.
Pourquoi inscrire ce projet à l'ordre du jour dans la rubrique "ACTUALITES"
?
Pour reprendre les choses là où elles sont restées. En
l'absence du Professeur Maurice Marois, instigateur et porteur du projet,
nous nous contenterons de soumettre à la réflexion de
chacun les questions soulevées et les enjeux énoncés
en 1995. Ainsi sera respecté l'un des principes fondateurs
de l'Institut de la Vie, à savoir le dialogue
de la Science et des hommes.
- Les êtres humains dans la nature : relations et responsabilités.
- Des habitats pour l'épanouissement humain : science et changements
sociaux.
- Connaissance et connaissance de soi : un pont entre les "deux cultures".
- Nature humaine et vues prospectives des modifications qui pourraient
lui être imprimées.
- La signification du fait que nous soyons mortels et les tentatives
pour contrebattre la mort.
- Place et signification de l'humanité dans le cosmos.
- Valeurs : la recherche d'un fondement commun dans un monde pluraliste.
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Les êtres humains dans la nature : relations et responsabilités.
- Quelle est la relation de l'humanité avec le reste de la nature
?
- Quel est l'équilibre approprié entre l'utilisation et
la conservation, l'altération et le respect, la domination et l'entretien
?
- De quoi dans la nature et pour quel propos sommes-nous responsables
; pourquoi le sommes-nous ?
Des habitats pour l'épanouissement humain : science et changements
sociaux.
- Quels types d'habitats, sociaux et naturels, sont ou seront plus favorables
à l'épanouissement humain ?
- Quelles sortes de science et de technologie peuvent le mieux contribuer
à réaliser de tels habitats ?
- Quelle meilleure manière pour protéger l'habitat humain
contre les conséquences indésirables du progrès technologique
?
Connaissance et connaissance de soi : un pont entre les "deux cultures"
- Comment la société peut-elle faire face à "l'explosion
de l'information" ?
- Comment intégrer les découvertes "objectives" de la
science et la connaissance "intime" de l'expérience vécue ?
- Comment intégrer la connaissance scientifique, neutre du point
de vue des valeurs, et la conscience morale ?
- Peut-on parvenir à une connaissance adéquate et englobante
de notre commune humanité, en tenant compte aussi de notre savoir accru
sur son passé et sur l'étendue de la culture ?
Nature humaine et vue prospective sur les modifications qui pourraient
lui être imprimées.
- Quelles sont les perspectives de modification dirigée du corps
et de l'esprit humain par les techniques dérivées de la génétique,
de la neuropsychologie, de la gérontologie et d'autres sciences biomédicales
?
- Quelles conceptions de la santé ou des aptitudes devraient guider
les interventions futures sur l'homme ? à quels critères éthiques
devraient répondre ces interventions ?
- Quels devraient être les buts de la technologie biomédicale
appliquée aux êtres humains ?
La signification du fait que nous soyons mortels et les tentatives pour
contrebattre la mort.
- Quelle est l'implication de notre caractère mortel, dans la vie
des individus et des communautés ?
- Jusqu'où pouvons-nous aller dans nos efforts pour retarder, ou
même "vaincre" la mort ?
- Jusqu'où est-il sage d'aller ? quels problèmes psychologiques,
sociaux et spirituels pourraient naître de l'augmentation de la longévité
?
Place et signification de l'humanité dans le cosmos.
- L'humanité a-t-elle une place spéciale ?
- L'humanité a-t-elle une finalité spéciale ?
- Peut-on réconcilier les découvertes scientifiques avec
les réponses philosophiques et religieuses (rivales) à ces questions
?
Valeurs : la recherche d'un fondement commun dans un monde pluraliste.
- Quels pourraient être, en dépit de nos différences
culturelles, les soucis et les aspirations que nous partageons avec l'ensemble
des humains ?
- Quelles pourraient être, en dépit de nos différences
culturelles, les attitudes et les normes que nous pouvons partager avec l'ensemble
des humains, spécialement face à l'interdépendance croissante
de nos destins ? A partir de différents systèmes de valeurs,
comment atteindre un consensus ?
- Quelles notions du bien et du pertinent sont-elles les plus utiles
? Comment pourrait-on les promouvoir ?
Les raisons de la création et les
buts du Centre
- Le pouvoir technologique
croissant a un effet global : il transforme notre vie et aussi notre monde
désormais plus petit et interdépendant. Nous en sommes conscients.
- Nous sommes inquiets des perspectives et des périls pour notre
propre descendance et pour les environnements naturels et sociaux.
- Nous reconnaissons le caractère central et la complexité
des problèmes moraux et spirituels posés à la destinée
humaine par les progrès scientifiques et techniques.
- Nous acceptons comme un fait la responsabilité de l'homme envers
son propre avenir et le destin de la vie sur la Terre.
- Il est nécessaire de s'interroger sur les perspectives offertes
à l'humanité. Nous voulons répondre à cette
nécessité.
Nous devons aboutir à un consensus en dépit des attitudes et
des croyances souvent conflictuelles qui divisent l'humanité.
Notre but est :
- De clarifier ce qui est en cause,
- De formuler les vraies questions,
- De donner corps aux réponses alternatives possibles,
- De montrer pourquoi telle réponse serait meilleure que telles
autres.
Nous éviterons des prises de position politiques partisanes, idéologiques.